Maurice Garnier : le marchand fidèle de Bernard Buffet

On peut parler des heures de Bernard Buffet et de son impact sur le monde des arts picturaux pendant la seconde moitié du XX° siècle. Mais il existe une personne dont on entend moins parler qui eut sa part de responsabilité dans le succès de Bernard Buffet. Il s’agit de Maurice Garnier, qui donna son nom à la fameuse galerie qui accueillaient les expositions annuelles de Bernard Buffet de son vivant. Partenaire professionnel de Bernard Buffet à qui il fit preuve d’un soutien sans faille, qui était donc Maurice Garnier ?  

Maurice Garnier découvre Bernard Buffet

C’est en 1945 que Maurice Garnier rencontre Emmanuel David, cofondateur de la Galerie Drouant-David au 52 rue du Faubourg Saint Honoré à Paris. Cette rencontre influencera Maurice Garnier à suivre la même voie et ouvrira un an plus tard la Galerie Visconti au 35 rue de la Seine avec l’aide d’Emmanuel David et décide d’adopter son crédo : exposer et vendre les œuvres de jeunes artistes afin de les soutenir. En 1948, il découvre Bernard Buffet à travers une de ses œuvres à l’occasion d’un concours, « le Prix de la Jeune Peinture » à la Galerie Drouant-David. L’artiste ne remporte pas le prix, malgré les débats houleux du jury. Ce sont les réactions passionnées des membres du jury qui attirèrent l’attention de Maurice Garnier et Emmanuel David. Ce dernier se rendit chez Bernard Buffet et lui offrit un contrat pour être son marchand exclusif. Cependant Armand Drouant n’appréciait pas autant que son partenaire les œuvres de Bernard Buffet, donc Emmanuel David proposa à Maurice Garnier qu’ils se partagent le contrat. Bernard Buffet exposait alors ses peintures à l’huile à la Galerie David-Drouant et la Galerie Visconti ses autres dessins utilisant diverses techniques. C’est à partir de 1951 que Bernard Buffet décida de choisir un thème pour ses expositions annuelles qu’il organisait depuis 1949 à la galerie Drouant-David. En 1954, Bernard Buffet ouvrit également sa galerie éponyme au 12 Avenue Matignon et Maurice Garnier la visite presque quotidiennement. Deux ans plus tard, Armand Drouant et Emmanuel David décide de finir leur collaboration par consentement mutuel et ce dernier ne pouvait emmener qu’un des peintres exposé dans la galerie. Il prit sous son aile Bernard Buffet et entama un partenariat avec Maurice Garnier pour ouvrir la Galerie David et Garnier au 6 Avenue Matignon. Ils continuèrent d’exposer des peintures de jeunes artistes et d’organiser les expositions annuelles de Bernard Buffet. C’est en 1968 qu’Emmanuel David décide de prendre sa liberté pour de nouvelles activités et laisse Maurice Garnier à la direction seule de la Galerie en conservant tous les peintres.  

Maurice Garnier s’occupe exclusivement de Bernard Buffet

C’est en 1977 que Maurice Garnier décide de se séparer des autres artistes de la Galerie pour consacrer son temps à la promotion des œuvres de Bernard Buffet. Maurice Garnier géra également les affaires financières de Bernard Buffet. Ce dernier continua jusqu’à la fin de ses jours à organiser ses expositions annuelles dans la Galerie Maurice Garnier. Le lien que Bernard Buffet et Maurice Garnier ont tissé était devenu fort, que l’artiste avait confié à son galeriste l’envie de son suicide. Alors atteint de la maladie de Parkinson, Bernard Buffet s’était cassé le poignet droit et ne pouvait plus du tout peindre. Il annonça que le thème de sa prochaine exposition serait la Mort et qu’elle serait la dernière. Un mois plus tard, Bernard Buffet mit fin à ses jours. Après la mort de Bernard Buffet, Maurice Garnier a continué à soutenir l’artiste dans son œuvre et a milité pendant très longtemps pour qu’un ancien hôpital de Colmar serve de musée permanent pour les œuvres de Bernard Buffet, à l’image du musée Bernard Buffet au Japon. Il a créé en ce but une réserve de 303 peintures et les archives de sa galerie. Il continua de prendre soin des affaires financières de la veuve et du fils de Bernard Buffet et organisa sans relâche les expositions annuelles de Bernard Buffet à la même date symbolique : le premier dimanche de février. Maurice Garnier nous a quitté en 2014 et c’est à présent sa femme, Ida, qui s’occupe de sa Galerie et de son activité.